Save Me 2.0

Il hocha la tête et se tut, se demandant pourquoi Chul avait semblé si réticent à cette sortie s'il ne s'agissait que ça.

Enfin, ils débouchèrent dans une des rues, que le plus vieux connaissait bien pour la parcourir où y stationner six jours sur sept. La nuit tombait lentement, il s'agissait là du troisième crépuscule, les lampadaires s'étaient allumés, de même que les néons, majoritairement rouge et verts pour cette allée-ci. Ils la remontaient par le trottoir gauche où se présentaient tantôt un commerce, restaurant ou magasin, tantôt des appartement, maisonnettes à deux étages, éteintes ou à peu près, la plupart tenaient leurs volets en cabane ou fermés.

Il observait tout autour de lui avec une curiosité mal dissimulée.

Il l'avisa du coin de l’œil et plissa du nez.
-En face, à trois cent mètre, il y a le bar où je travaille. Je t'y emmène. Tu feras ce que tu veux mais ça répondra mieux à tes questions.

Il haussa un sourcil, n'étant pas sûr d'avoir compris le sens de la phrase.

-Ce que je veux ?

-T'y reviens ou t'y reviens pas, je m'en contre-fiche. T'es visiblement pas majeur alors je doute qu'il fassent quelque chose de toi là-dedans ou que tu puisses y faire quoi-que-ce-soit.

Il hocha la tête, puis se dit qu'il serait peut-être intéressant pour Dan de connaître un minimum son âge.

-J'ai seize ans.

Il acquiesça. Comme supposé.
Les deux garçon parvinrent en approche du-dit bar. Une grande vitre prenait deux tiers de la façade, la dernière étant réservée à la porte en bois vitré. Un tracé de néon rouge redessinait la limite entre le rez-de-chaussé et le premier étage. L'intérieur était éclairé d'une lumière assez bleuté et orangée. Par la vitre, on voyait le bar en bois, quelques tables et chaises, des canapés dans le fond. Le tout était en deux pièces, l'une dédié au proxénétisme se situant à l'arrière, à l’abri des mauvais regards. Il suivait la forme des anciens clubs Hong-Konguais, le directeur n'ayant trouvé aucune utilité à changer le tout face à la légalisation du milieu. Dehors, quelques prostituées(és) se partageaient le trottoir sans l'encombrer.

Il observait partout autour de lui, ne pouvant s'empêcher d'éviter les prostitués du regard après les avoir observé quelques secondes.

Le garçon poussa la porte et la tint, le temps que son cadet n'entre. A l'intérieur, il y avait quelques clients, venus principalement pour les boissons ou pour passer un début de soirée en vue de la terminer dans une discothèque. La musique battait sans trop violenter leurs tympans. Il n'y avait jamais eut de problèmes aux quelques vieux clients vis-à-vis des prostitués et de la salle du fond, beaucoup ignorant autrefois son existence ou le taisant. Désormais, certains évitaient de s'y rendre, vu que le commerce débordait sur la rue , mais quelques uns continuaient de s'y présenter, notamment la journée où personne ne travaillait sur les trottoirs.