No Name [RP Skype]

Jinhyun soupira.

-Seung. Réglons ça sans tuer ou blesser personne. Personne ne le veut.

Le plus âgé grogna dans sa barbe et sembla même prêt à trépigner sur place. Il avait toujours eu le sang chaud, et une possessivité forte. Qu'on empiète ainsi sur ses plates-bandes le mettait juste hors de lui.

-Je-
-S'il te plaît.
-Kss. Tu m'énerves. Vous m'énervez tous.

Grondante, sur le point d'éclater, la colère dans ces paroles fit difficilement déglutir Jinhyun. Bon. On respire. Tout va bien se passer. Le jeune homme savait qu'il n'avait, de toute façon, rien d'autre à dire. Que Seung ait pris le temps d'écouter ses conseils était déjà beaucoup. Il n'y avait plus qu'à espérer que ça paye.

Le service se termina vers quinze heure. Wonshik déposa son torchon et la tenue qu'on lui avait prêté sur un plan de travail, une fois changé. Il salua le patron et le plus jeune d'un signe de main, le plus vieux ayant refusé qu'il fasse la fermeture maintenant, jetant presque les deux plus jeunes à la porte. Le plus âgé se racla la gorge tandis que l'autre le saluait de la main, grimpant mollement les escaliers juxtaposés à l'affaire, louant l'appartement d'au-dessus. Le tatoueur passa une main dans ses cheveux et s'accorda une cigarette. Le temps avait viré au gris et le vent grimpait. Pourrait-il alors enfin se balader un peu.

-Laissez-moi. Je vais y réfléchir. Seul.

Jinhyun acquiesça à l'ordre d'un signe de tête et s'occupa de faire évacuer le bâtiment. La réunion était finie. Il partit en dernier et prit le premier métro qui passait, voulant se divertir les jambes dans un endroit au calme. Il sortit juste avant la frontière Sud/Ouest et entreprit de rejoindre un petit coin au calme qu'il connaissait.
Une fois arrivé, il sourit. Une rivière - presque un ruisseau - coulait tranquillement au milieu d'une petite prairie. On entendait évidemment les bruits de la ville mais, en les oubliant, le jeune homme se sentait presque à la campagne. Ajouté à cela le fait que cet endroit était difficile d'accès et donc très peu fréquenté, et il avait son petit coin de paradis.

Peut-être serait-ce le bon moment aussi d'aller voir un ami. Proche. Cela fait longtemps et à vrai dire, il hésite encore. On ne lui en voudrait certainement pas de faire un petit tour en périphérie (qui donc s'occupe de ses affaires?) . Ceci décidé, il prit le temps de terminer sa cigarette et traversa quelques rues jusque la station de métro. On ne pouvait pas passer partout des territoires aux périphéries. Enfin, il y avait quelques points et d'autres étaient fermés. Par l'État. Afin de limiter les allers et venues et peut-être des "crimes" avaient-ils dit.

Il s'allongea calmement dans l'herbe, les bras derrière la tête, et prit le temps d'observer le ciel, un mince sourire aux lèvres. Il avait toujours eu tendance à stresser facilement, à torturer son cerveau pour des broutilles sans conséquences, à se sentir responsable de tous les malheurs du monde, même s'il savait qu'il n'aurait rien pu y changer, qu'il avait déjà fait le maximum. Alors venir ici lui permettait d'oublier tout ça, de se couper de tous ces problèmes bien trop encombrants.

Il emprunta la ligne reliant les deux territoires, quelque peu moins vide. Il y avait là quelques hommes, d'affaire. Mais de petites affaires. Bien courageux. C'est rare que l'on prenne les lignes des territoires, certains préféraient contourner, il s'agissait sûrement d'une urgence et malgré le fait qu'il puisse s'asseoir calmement, ils restaient tendus, dévisageant, évitant. Enfin quand le train s'arrêta, il descendit et eux se pressèrent à en faire de même.
Le tatoueur se dirigea donc vers la frontière, qu'il dépassa sans trop de cérémonies, saluant au passage quelques connaissances alors que les trois hommes pressaient le pas vers l'entrée de la périphérie.

Il finit par somnoler, sentant la fatigue s'emparer de lui.

Le jeune homme emprunta le chemin qui comportait un pont rejoignant l'Ouest et la périphérie. Il s'agissait d'une des ouvertures, les autres se situant tous les kilomètres. Passant non loin, un grondement claqua et déchira le silence d'un long grognement. Il s'arrêta sur le côté de la route et jeta un oeil au ciel, pivotant pour mieux observer les fameux nuages.

Il ouvrit un oeil au grondement. Les nuages asphaltes qui avaient pris possession du ciel le firent se lever dans un "Merde !" qui venait du fond du cœur. Et voilà qu'on écourtait son moment de paix ! Il n'avait décidément pas de chance aujourd'hui. Après tout, une journée qui commence mal finit nécessairement mal.

Il tiqua. Peut-être allait-il pleuvoir. Non pas que cela le faisait chier mais il prévoyait de rentrer chez lui. Sec. Enfin.